AVEUX SCIENTIFIQUES

Depuis dix ans, les phénomènes atmosphériques ont été l'objet d'une véritable perturbation.

Les mines profondes creusées dans l'épaisseur de la caouche terrestre, les baies ouvertes par la civilisation et l'industrie, le déboisement, les accumulations d'électricité, le déplacement, en un mot des résistances terrestres, ont amené une sorte de déséquilibre dans la pondération qui doit présider aux productions des phénomènes atmosphériques. Les grands courants magnétiques n'étant plus de même nature, ne suivant plus identiquement les mêmes espaces, entrévés ou attirés par des appeks nouveaux, les condensations se produisent, les stagnations s'organisent; et le vent se déchaîne en tempête, au lieu de souffler oar timides rafales; puis le calme succède à ce déchaînement subit, privant notre atmosphère du seul moyen qu'elle ait de se purifier.

[...]

Nous subissons le déséquilibre des courants atmosphériques dû à notre science et à notre *génie*. Peu à peu tranchées, mines et inventions électriques, ont eu leur influence sur les grands phénomènes de l'air. Nous subissons des cyclones à jet continu, des stases de brume, des suspensions atmosphériques inalianisables de toutes les insanités terrestres; et voilà certainement les causes de cet empoisonnement que nous désignons sous le nom de grippe, influenza, fièvre, etc, etc.

(La Médecine Nouvelle, 5 février 1898, 1re page.) Docteur Péradon.

En exposant les causes premières des maux qui déciment l’humanité, le docteur Péradon a fait montre d’un rar courage et d’une haute probité, car ils sont peu nombreux parmis nos savants, ceux qui osent dévoiler et toucher du doigt le cancer — civilisation.

Et bien qu’il n’ait poussé plus loin la description des troubles occasionnés par l’établissement d’un état contraire à l’ordre naturel, quiconque en aura suivi l’exposé qu’il fait de main de maître, sera tenu de constater avec lui que les maladies: grippe, influenza, fièvre, etc., sont inévitablement escortées de bronchite, pneumonie, pleurésie; de même l’artificiel, fruit de désordre opéré dans la nature, est la cause initiale des amputations, décapitations, parfois même de la dislocation totale des corps humains, de l’asphyxie et de la crémation d’êtres vivants, dans les mines, les usines, les chantiers.

C’est donc en somme un début de désapprobation du Grand courant civilisateur par un homme conscient et surtout compétent en la matière.

Nous nous refusons à croire que le docteur Péradon admette comme palliatif tant de maux, la pratique et les ressources de la science, puisque c’est précisément l’extension de la science et du progrès, (divinités actuelles) qui nécessite l’éventrement de la terre, l’extirpation des minerais, le percement des tranchées, l’ouverture des baies, l’endiguement des eaux, en un mot tout ce qui contribue à dérégler l’ordre merveilleux de la nature.

Honoré Bigot.