AVEUX SCIENTIFIQUES
..... Nous désirons faire remarquer ici, la part prise par les vers de terre à la formation permanente de la couche de terre végétale qui recouvre le terrain agricole dans toute contrée tant soit peu humide. Cette couche supérficielle de terre meuble remonte sans doute dans son ensemble à la plus haute antiquité, mais pour ce qui est de sa permanence, ses particules constituantes sont, dans la plupart des cas, renouvelées d'une façon assez rapide, et remplacées par d'autres dues à la désagrégation des roches sous-jacentes ou situées à un niveau supérieur.
Les Lombrics jouent dans la formation de la terre végétale un rôle beaucoup plus important qu'on ne le croit communément. Dans presque tous les pays modérément humides, ils sont extraordinairement très nombreux et ils possèdent pour leur taille une grande force musculaire.
Leur œuvre capitale est de préparer d'une façon excellente la terre végétale pour la croissance des plantes agricoles. Ils en augmentent lentement l'épaisseur aux dépens du sous-sol; ils font pénétrer l'air et l'eau dans toutes ses parties; ils la tamisent de manière à ramener continuellement à sa surface en les saturant de débris organiques, les particules terreuses les plus fines, les plus riches. Dans l'espace de quelques années, on peut dire que toute terre végétale de couleur foncée, remuée, aérée, a dû être traversée par le corps des vers. Par suite de cette lente mais continuelle circulation, les particules terreuses se trouvent soumises à une dérogation et une décomposition éminemment favorables à la nourriture des plantes. Les os des animaux morts, les coquilles des mollusques terrestres, les restes des insectes, les rameaux, les feuilles sont, en peu d'années, enterrés sous les déjections accumulées des vers et mis ainsi dans un état plus ou moins avancé de décomposition, à la portée des racines des plantes. Les galeries des vers, en faisant pénétrer profondément l'air et l'eau dans le terrain, facilitent aussi beaucoup la descente des racines qui sont à la recherche de l'humus dont revêtues ces galeries.
Allons, vite, vite, les fanatiques scientifiques, vite à l’œuvre pour détruire les laboureurs naturels de la Terre, en chauffant le dessous de la couche terrestre par des conduits électriques, et remplacer les Lombrics par des vers artificiels en forme de taraud-machine qui se terreraient et reposeraient l’hiver pour reprendre au printemps le même travail et la même besogne que les Lombrics qu’ils remplaceraient. Vite, vite, le temps presse, le Progrès et la Science réclament ce nouveau miracle, l’Humanité ne saurait s’en passer pour son bonheur.
H.B.