DÉGÉNÉRESCENCE

Tout le monde, actuellement, est d’accord sur ce point:

La race humain dégénère.

Sans remonter jusqu’aux époques de robustesse primitive, il est certain que nos ancêtres du moyen âge étaient autrement bâtis que nous.

Et d’où vient cette faiblesse des civilisés ?

De leur civilisation même !

N’est-ce pas l’industrie créée, le machinisme poussé à outrance, l’énervement du travail sans relâche, qui produisent la plupart des maladies ? Sans compter celles engendrées par la misère, les privations de toutes sortes.

Autrefois, le travail était mieux réparti et dans des conditions saines. Au surplus, on n’employait pas de machines compliquées, on ne se casernait point dans des usines sans air et remplie d’émanations pernicieuses. La vie était encore facile.

Mais ce n’est certes pas l’apologie de ce temps rapproché que nous essayons.

Nous prétendons à bien au-delà. Nous assurons à l’homme sa vie normale, sans gène, s’il veut suivre ses instincts et agir en tous sens par la voie naturelle.

La terre est une bonne nourricière. Il suffit de savoir en tirer le meilleur parti possible. Et pour cela, pas vesoin de contrarier la nature, d’exiger d’elle continuellement ce qu’elle ne peut donner qu’accidentellement.

Au contraire, donnez-vous moins de peine et vous aurez plus de profit. Laissez la terre à sa production vierge. Et vous aurez: « Virilité, santé, beauté, bonté. »

Tout cela, dit au point de vue physique; mais quand on parle au point de vue moral, concernant le médiocre intellect des individus et les affreuses conceptions socialres, que d’absurdités à détruire !

Nous avons là un champ largement ouvert pour exposer nos critiques et enseigner la bonne vie.

Nous, anarchistes, nous n’y faillirons pas. Entendons nos idées.

L’amour de l’humanité nous guide. Tant de gens souffrent, nous en souffrons tous. C’est d’ailleurs de l’égoïsme bien compris que de démontrer l’enfer de la vie sociale: cela profite à nous-mêmes.

L’amour engendre actuellement la douleur et celle-ci provoque la haine d’un état pervers.

Donc, amants, il nous faut, de toutes nos rancœurs et de toutes nos haines, forger les énergies émancipatrices.

Affranchissons-nous !

L’acte de révolte précède toujours l’obtention des libertés !

Léon Saunier.