LE LIVRE D’OR
DE LA CIVILISATION
(Suite.)
Bien que je ne veuille m’étendre sur l’origine de l’homme; ce qui ne serait pas ma compétence, je me permettrai tout au moins d’exposer mes réflexions sur ce qui est traité par les livres qui nous donnent des descriptions sur les premiers travaux des hommes aux époques du déluge ou autrement dire, pour me servir des termes employés par nos savants, à l’époque de la débâcle glaciaire, ou encore des révolutions souterraines du Globe et des variations subites dans la Nature à la suite de pressions atmosphériques.
Il n’est donc resté pour nous communiquer les quelques ténébreux renseignements sur ces temps reculés – que les écrits exposés dans les livres saints.
Ecrits, dont l’auteur principal, Moïse, qui semble de son côté avoir compilé tout ce qu’il aura pu réunir des renseignements puisés chez les Indous, et qui malgré cela, peuvent nous laisser perplexes au point de se demander, si un si terrible et si effrayant cataclysme n’aurait pas donné lieu à cette époque à des déséquilibrements mentals de certains survivants, qui, se trouvant sous le coup d’ébranlement nerveux à la vue d’un pareil désastre, se seraient livrés à différentes conjectures, supportant ainsi une telle pression de crainte et de frayeur. Que soit née la version du travail forcé si fortement affirmée par Moïse dans la Genèse et si jésuitiquement sanctionnée par nos plus considérés religieux et savants de nos jours; car bien que les écrits exposés dans le Pentateuque ne soient que légende il n’en existe pas moins un fait de la plus haute importance; c’est que sur cette légende ont été édifiés la morale, l’éducation, les principes actuels qui règnent autoritairement dans tous pays civilisés, et dont les partisans de toutes sciences ne se sont fait aucun scrupule de se servir – mais sous une autre forme – pour continuer à induire en erreur les peuples policés, sur la situation naturelle qu’ils devraient occuper sur la terre.
C’est un des points qui m’engage à essayer de lever un coin du voile noir qui recouvre la situation de l’homme aux temps préhistoriques, et y faire l’exposé de ce que mes réflexions me suggéreront.
Donc ce n’est pas pour rechercher ce qu’ont pu être nos premiers parents, comme hommes formés, que ce soit les Aryas et qu’ils aient eu pour berceau le nord de la Russie ou un des lieux enchanteurs de l’Inde, ou encore qu’ils soient apparus sur divers points du Globe à la fois, – ce qui est tout aussi probable ?
Mais que des savants pétris de mysticisme, religieux ou d’autres savants fanatisés par les présomptions miraculeuses issues de l’Artificiel par des applications et des travaux qui sont en voie de dégénérer et d’anéantir l’humanité, et mises en pratique sous le nom de – Science – se placent constamment en contradiction les uns les autres sur toute l’histoire de l’homme et en même temps puisent et prennent la base de leurs constructions littéraires et scientifiques les mêmes principes dans les mêmes bas-fonds, voilà qui ne peut manquer de donner matière à réflexion. C’est précisément ce que je tiendrai à démontrer dès le début et poser en parallèle; tradition religieuse et tradition scientifique, affirmant ensemble que l’homme doit travailler la terre et produire tout l’Artificiel au contraire de tous les autres animaux de la création.
S’il ne travaille pas, il doit donc s’anémier, s’étioler, disparaître de la surface du Globe, mourir. C’est ici qu’est le point essentiel à démontrer avec quelle désinvolture les hommes osent continuellement pratiquer le droit du plus fort soit en mati!re religieuse, soit en connaissance littéraire, administrative, ou ce que ces savant ont l’audace d’invoquer les APTITUDES. Car il me semble intéressant de prendre comme point de départ l’homme dès ce soi-disant déluge qui, pour les uns, n’a laissé sur la terre que Noé et sa famille; pour d’autres des hommes qui sont restés en assez grande quantité dans des endroits différents et, ensuite suivre pas à pas l’homme à travers les siècles dans les Civilisations, et le bien-être qu’il est censé en avoir ressenti.
La corruption et les mœurs dépravées, les infirmités et les maladies engendrées; et quelle peut bien être la différence des sommes de progès de ces temps avec la situation que nous occupons encore actuellement dans la Civilisation.
Je m’appliquerai donc à rechercher autant qu’il me sera possible au travers des lignes écrites dans ces livres par lesquels l’histoire des hommes au point de vue du travail, de la perfection et du progès a été édifiée; je m’emploierai également à saisir de mon mieux el degré de malice, de rouerie, de corruption dont paraîtront pourvus les personnages que cette histoire fait défiler devant nous, ainsi que les œuvres artificielles qu’ils auront créées, les monstruosités, les tortures et les supplices imaginés. Il pourrait donc ainsi m’être possible de faire une observation intéressante, des résultats que ces Civilisations auront apportés à la situation de l’homme et de l’étendue de bien-être qu’il aura pu trouver dans l’application de l’Artificiel, jusqu’à la belle et glorieuse époque de Progrès et de Bonheur, aui rayonne actuellement après tant de siècles sur la pseudo-admirable et incomparable situation des prolétaires du monde civilisé.
Honoré Bigot.
(A suivre.)